Rapport à la violence / hétéro-agressivité

Vous posez votre problématique et qui veut répond selon ce que cela lui renvoie.
filledelair
Coévoluant
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Enregistré le : dim. 20 nov. 2011 19:00

Bonjour,

Je m’interroge beaucoup ces derniers jours sur l’expérience de la violence et ce que nous pouvons en retirer. Pour faire assez court, je suis régulièrement « confrontée à de l’hétéro-agressivité » (pour être plus technique et moins dans le jugement) dans la structure où je travaille, à des degrés différents selon les résidents accueillis. Jusque là, je voyais ça comme une expérience, et je restais très détachée (ce sont des personnes en difficulté ; mon rôle est de les accompagner au mieux qq soit la situation). Avec ce que j’ai appris, j’essaye de rester ouverte au niveau du cœur, je pourrai sûrement faire mieux mais j’y travaille chaque jour !
Le problème est que depuis quelques jours et pour encore qq semaines, nous accueillons une personne dont les actes d’hétéro-agressivité (envers les autres) dépassent tout ce que j’ai vu jusqu’ici et c’est vraiment dur à gérer ; et bien que je prenais ça avec humour et détachement jusque là ( je me répète ces phrases dès que je sens que je faillis « sois dans l’amour et reste ouverte au coeur ; vis l’expérience ; reste au présent » etc etc) ; je commence à me sentir vraiment dépassée face à cette situation là (pas face au résident ) et je ne comprends plus très bien ce que je dois apprendre de cette expérience et comment je peux « accueillir » cette expérience, comment je peux rester au présent dans des situations comme ça (coups répétitifs ; articulations retournées dans leur sens inverse etc etc tout ça, c’est pas facile ni pour le corps, ni pour le cœur ) ; Je ne demande pas de solution par rapport à la situation en elle - même mais bien comment moi, je peux vivre ça mieux et ne plus me sentir dépassée.

Si vous avez des pistes, je suis preneuse :o)))
Helenita
Coévoluant
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Enregistré le : jeu. 8 mars 2012 08:26
Localisation : Mallorca

Bonjour!
Peut être que cette expérience te renvoie à ta propre violence, et si tu l'acceptes ou non???... Quand nous sommes petits, on nous enseigne qu'être violent, c'est pas bien. Oui mais pourtant, à mon avis, parfois la violence peut être l'action juste. Cela est particulièrement vrai lorsque nous sommes dans une situation dans laquelle l'intégrité de notre corps physique ou sa survie sont en danger. Si tu te fais attaquer par un chien dans la rue, il est peut être juste de lui filer un coup de pied par exemple.
Je vais te donner un exemple perso: un jour, mon mari me conduit chez le dentiste. Un type sur la route lui fait une queue de poisson. Il entre dans une rage folle et se met à le courser. Nous sommes peut être lancés à 150Km/h sur l'autoroute, nous collons littéralement aux fesses de cette voiture qui est devant nous. Je sens une grande peut monter en moi, une peur pour ma survie. Je suis passager, je n'ai pas le contrôle. J'essaie de faire réagir mon mari, en lui parlant, d'abord calmement puis de plus en plus fort. Pas de réaction. Il est comme hypnotisé par ce type. Alors, je sens monter en moi l'action de le frapper à la tête, et je le frappe. Je ne lui fais pas mal, mais ça n'empêche, c'est un acte violent. Mon mari se "réveille", il est choqué. On sort de l'autoroute, pas un mot. il me dépose chez le dentiste. 3/4 d'heure plus tard quandil vient me chercher, on peut parler à tête reposée, et il me dit merci parce qu'il en avait besoin, et ça lui a permis de se rendre compte qu'il avait un problème. Au départ j'ai eu du mal à accepter mon acte parce que je n'avais jamais frappé mon mari. Mais je crois aujourd'hui (peut être que je me trompe?) que c'était l'action juste.
Cela permet de donner de la place à cette partie de nous, cette violence doit aussi être aimée et acceptée en nous, même si ça paraît incroyable ou difficile...Si cette partie violente en nous se sent aimée et reconnue, alors elle peut reprendre sa juste place, pour la protection de la survie (et non pas être utilisée quand la survie de l'égo est menacée: style t'est pas d'accord avec moi alors je t'en colle une! ;) ) Voilà, je ne sais pas si ça peut aider...
Chacun récolte ce qu'il s'aime
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anahata
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Enregistré le : sam. 6 août 2011 22:53

Coucou ma belle !

Avant que je ne te donne mon point de vue par rapport à la "violence" quelle qu'elle soit, à laquelle je suis parfois confrontée aussi, peux-tu juste m'éclaircir sur l'hétéro-agressivité autour de toi en nous donnant des exemples car quand tu parles d'articulations retournées, c'est flippant mais j'ai du mal à imaginer là. Et quel est ton rôle précis envers ces personnes. Tu les accueilles en centre et tu t'en occupes?
Quand tu dis qu'avant tu le prenais avec humour? Hein???

Bisous
filledelair
Coévoluant
Messages : 74
Enregistré le : dim. 20 nov. 2011 19:00

Bon, j'avais pas tellement envie d'étaler ma vie non plus mais je vais détailler un peu plus :D Je bosse dans un centre qui accueille des personnes autistes et plus précisément dans un accueil temporaire (ma structure fonctionne par séjour de 3 semaines donc toutes les 3 semaines, les résidents changent)...autant dire que je vois défiler beaucoup de personnes autistes qui ont toutes leurs particularités (il n'y a pas un autisme mais des autismes) et donc chacun a sa problématique personnelle, certains fonctionnent donc dans l'hétéro-agressivité ou auto-agressivité ou pas d'agressivité du tout. Mon travail est de les accompagner au quotidien (actes de vie quotidienne ; éducatif ; soins ; activités ;sport ...tout quoi !).

Quand je dis que jusque là je prends cette hétéro-agressivité avec humour et détachement, et bien je sais que les résidents qui ont des actes de violence envers moi ne le font pas contre moi mais le font du fait de leur pathologie donc je prends du recul, je me détache et sachant ça, je le vis bien et j'ai pas de problème pour rester dans l'amour et au présent ; je veux dire j'accueille la situation comme elle est ; et puis on en rigole, c'est difficilement explicable mais c'est un bon moyen de tout "lâcher" et de ne rien garder en soi je crois !!! Donc ce que je viens d'expliquer là, je l'ai appliqué à toutes les situations de violence que j'ai rencontrées sauf celle décrit dans mon précédent message et pour laquelle j'ai clairement besoin de partager.

Pour imager la situation qui me pose problème, en gros le résident donne des coups de poing dignes d'un boxeur et n'importe où sur le corps et surtout au visage,il mord comme te mordrait un chien enragé, il est vraiment très fort. Pour l'articulation retournée, par exemple il prend ton bras et force dessus dans le sens inverse de l'articulation (c'est à dire l'inverse de quand tu plies le coude). Bon ben là, j'ai assez détaillé je pense.

Voilà, donc ma problématique : savoir ce que je peux faire pour ne plus me sentir dépassée face à cette expérience ; J'ai du mal à "rester au présent" et "vivre l'expérience" dans cette situation et c'est là que j'ai besoin d'aide.
boutdboa

blablablablabla... :)
Modifié en dernier par boutdboa le dim. 24 nov. 2019 22:48, modifié 1 fois.
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anahata
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Enregistré le : sam. 6 août 2011 22:53

Tes précisions sont importantes. Je comprends mieux ton embarras mais aussi, ta personnalité (que j'ai eu le plaisir de rencontrer ;-) ).
D'ailleurs, ne trouves tu pas étrange que tu te retrouves confrontée à ce genre de personnes?
Je suis d'accord avec Thomas sur plusieurs points : "Tu as peut-être un truc à vivre à travers ça". Pour moi, ça me paraît évident.
Ensuite, toujours te préserver en effet.
Le fait que tu te retrouves face à des patients non conscients de leurs actes ne donne pas l'excuse d'accepter d'être brutalisée.
S'occuper d'autistes et une lourde tâche et en mon sens, il n'y a pas encore réellement de centres en France qui peuvent les prendre en charge de façon très efficace.
Je n'invente rien. J'ai une maman qui vient dans mon cabinet qui se désespère de trouver des solutions pour son enfant autiste. Il va en centre aussi mais son hétéro-violence ne cesse envers ses parents désarmés.
Bref... Ton travail est surtout une sacrée mission.

Parcontre, depuis le stage de JP, je suis moi-même de plus en plus sensible à la violence. Pareillement, ce que j'acceptais en rigolant avant, aujourd'hui, je ne l'accepte plus.
J'essaie désormais de l'éviter plutôt que d'accepter de la subir.
La violence est partout. Je suis d'accord sur ce point avec Helenita, c'est qu'elle fait partie de nous.
Moi-même quand ma fille me pousse à bout et que j'ai usé mon dernier 1/4 de patience, je crois que je me transforme.
Un truc jaillit de moi et me fait crier dans tous les sens avec une voix de folle furieuse et les bras qui bougent partout. Comme si un démon me possédait ! :evil:
Bon... Ca arrive rarement mais quand ça arrive, ma fille me cire les pompes pendant au moins... 3 jours ! C'est le luxe ! :mrgreen:
Nan mais, la violence peut être dans une réflexion à 2 balles ou dans un geste vulgaire, un regard, un acte anodin... Effectivement, tout va dépendre de la façon dont on va le recevoir.
Je pense que ces petites portes qui se sont ouvertes en nous lors du stage, nous ont fait prendre conscience de nos limites. Celles qu'on n'écoute pas toujours et qui du coup, génèrent en nous des états incontrolables pas forcément très agréables.

Alors, pour moi, il y a deux choses qui me viennent en tête face à ton histoire...
- Si ton métier te plaît plus que tout, alors prends le taureau par les cornes et trouves des solutions pour essayer d'aider ces autistes à être moins agressifs.
Ne te contente pas de subir et d'accepter ce qui paraît être une évidence pour le monde médical.
Il existe de plus en plus de médecines parallèles telles que la sophrologie utilisée de façon efficace en psychiatrie pouvant aider à apaiser et à canaliser les patients.
Ou pourquoi n'essaies-tu pas de diffuser sur cet autiste très violent? Et sur les autres. Expérimente et vois ce qu'il se passe. En plus, crois-moi, tu es douée.
Sinon, va en parler avec la Direction qui devront trouver des solutions d'une manière ou d'une autre. Fais-toi entendre.
Ainsi, je pense que cela vibrerait en toi. Car il me semble que cette violence fait écho avec ta propre violence (yes Helenita! tout à fait d'accord). Celle qui a du mal à jaillir de toi et que tu lâches et retiens de façon émotive quand tu parles en public.
Tu peux être un acteur important dans cette histoire. Prend ta place et montre leur !
- Sinon, ce qui peut arriver aussi, c'est que tu as atteint tes limites dans ce travail et qu'il faille passer à autre chose. Rien n'arrive par hasard. Cet autiste est arrivé pour te faire comprendre qqch. A toi de savoir quoi.

Bon courage ma caille.
Bisous.
Peg
filledelair
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Enregistré le : dim. 20 nov. 2011 19:00

Coucou,

Merci beaucoup pour vos retours, ça fait du bien !

Hélénita , merci pour ton partage :o) pour ton retour, et pour avoir partagé ton expérience perso, pour m’éclairer sur la notion de violence et pour cette phrase : « cette violence doit aussi être aimée et acceptée en nous, même si ça paraît incroyable ou difficile...Si cette partie violente en nous se sent aimée et reconnue, alors elle peut reprendre sa juste place, pour la protection de la survie ».
Après avoir lu ton message et après avoir cogité sur une éventuelle partie de moi qui serait violente, eh bien, c’est clair qu’il y en avait une envers moi et envers « le monde » qui a bien diminué et qui diminue à chaque nouvelle « étape » de mon évolution mais qui est toujours présente et repointe son nez à certains moments, et j’avais jamais pensé à lui donner de l’amour dis donc (pourtant ça semble être la « recette magique »mais là, ça ne m’a même pas traversé l’esprit…ahlala un peu crucruche desfois… !!!) donc jusque la, je dirais plutôt que je « domptais » cette partie violente; j’avais remarqué que le sport me permettait de lâcher une bonne partie de ma « colère » qui je pense après réflexion grâce à vos messages est lié à cette violence (dont je n’avais pas réellement conscience je pense) et puis certains gestes du style « se taper les poings dans les poutres ou sur des meubles ; se pincer jusqu’à bleuir etc etc » des trucs qui apaisaient cette colère. Ouais, il semble donc que les 2 soient liés ! Alleluia ! Ca, ca me parle !

Thomas, merci aussi pour tes mots et le partage de ton expérience (woww, ça envoie dur, j'espère ne pas avoir faire resurgir des trucs trop lourds ; tu n’as pas trop projeté de ton vécu sur le miens…tu partages, c’est cool :o) ) et pour celui des outils « ras les pâquerettes » (enfin pas pour moi ! ) que tu as utilisé dans ton expérience perso.
Pour ce qui est de se protéger et que ce que je traverse me bouscule, y’a pas photo, je suis d’accord et je l’ai compris après avoir écrit ma problématique sur le forum et aussi avec le « lâchage » d’émotions liées à la situation.
Pour ton retour sur la notion de limites, « dans tes limites » ; « au-delà tes limites » ; « limites soient respectées » ; ça résonne très clairement aussi et je n’avais pas pensé à tout ce qui tourne autour de ça et je crois aussi que je ne fais pas ça, je ne pose pas de limites, il me semble que je suis plutôt dans un fonctionnement de repousser les limites enfin d’accepter la « non-limite » je dirais ; ouais il va falloir que je bosse sur ça… allez au boulot ! :o)
Pour le « désintégré », il y a vraiment des mots que je ne peux pas utiliser comme celui là, c’est fort, c’est juste « trop » comme mot, je le lis et ça résonne c’est sûr mais la façon dont ça résonne est vraiment dure émotionnellement parlant. Je ne crois pas pouvoir expliquer ce que fait ce mot en moi.
Pour ta ptite recette du triangle magique, je prends, merci mdrr :o))) Et tu as raison, j’ai effectivement une hiérarchie à qui je peux m’adresser et je ne suis pas seule (bon la dernière fois qu’elle a agit, c’est quand la directrice s’est elle-même pris un coup…elle a viré le résident dans la foulée alors qu’il avait eu des actes d’hétéro agressivité sur tout le monde avant rien n’avait été fait…ahlala) mais j’irai m’adresser à ma hiérarchie au prochain acte que je sentirai comme « au-delà de mes limites » et j’utiliserai ces mots…la classe ;o)))

Peggy, Merci pour tes mots et pour m’avoir fait détailler la situation, pas facile mais je crois que j’ai encore avancé là (même si ça a l’air de rien !) (et moi aussi, je suis très heureuse que nos chemins se soient croisés même si effectivement, je n’ai pas été très bavarde avec l’effet de groupe ;o))Et pourtant, il y a une partie de moi bien plus sociable et bavarde mdrrr !!!)
Pour reprendre ce que tu dis : « Le fait que tu te retrouves face à des patients non conscients de leurs actes ne donne pas l'excuse d'accepter d'être brutalisée. »
C’est marrant ce que tu dis, en écrivant mon message, je commençais à me dire un truc du genre « ben oui il a une pathologie qui explique ses actes mais est-ce une raison pour accepter ? » …ben voilà, tu as répondu et ça me parle :o)
C’est vrai que mon métier me plaît mais je ne m’y épanouis par pour autant pour plein de raisons dont le genre de situations que j’ai évoquée, ça ne me plaît pas non plus au point de prendre le taureau par les cornes, je suis faite pour autre chose…pas encore trouvé quoi mais ça viendra :o))
« fais toi entendre »…très clairement oui il faut que je trouve le courage de le faire si ça se reproduit, merci :o) « être un acteur important dans cette histoire »…qu’est-ce que ça me parle tout ça !!!!!
Merci vraiment pour vos retours et vos partages, vous m’avez donné plein de pistes ; vous avez appuyé sur des trucs qui me parlent et vous m’avez permis de faire plein de liens… « y ’a plus qu’à » comme on dit :o) Merci !
bizzz
filledelair
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Oups, désolée pour toutes les têtes de smileys bizarre...je mets trop de parenthèses et ça n'a pas mis ce que je voulais, c'est juste des sourires normalement....pfff quelle blonde celle là ... :D (ah oui celui là c'est bon normalement !!!!!) :D :D :D :D :D :D :D :D :D
boutdboa

blablablablabla... :)
Modifié en dernier par boutdboa le dim. 24 nov. 2019 22:48, modifié 1 fois.
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Gwen
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Contact :

Coucou jolie fille de l'air toute légère
Alors je t'ai pondu une phrase euh....... sortie avec ces mots-là, bon j'te la dis (ca va faire causer Boutboa.....)

"Baisse la défroque de l'âne équivoque si juge l'orgie dans le creux de ton lit",

Sinon, ressenti perso, d'avoir lu que tu subissais de telles violences physiques dans ton travail sans que rien ne soit fait pour que ça s'arrête m'a juste choquée. Prends soin de toi et préserves-toi.
Je t'embrasse
Gwen
« Tout seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin. » Proverbe africain.

"Aide-moi à faire tout seul." Maria Montessori.
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