Le problème de "tout est parfait" c'est qu'il faut le voir et le ressentir vraiment ( et alors on le voit même dans les choses "imparfaites" et "horriblement dures à vivre")
Sinon, comme tu le disais plus haut fleurdevie, c'est juste de la philosophie ... qui ne tarde pas à s'écrouler au premier événement "dur à vivre et douloureux" qui passe
Ce matin, en repensant justement à ces échanges avant de lire les nouveaux posts, j'ai repensé à toutes les fois où j'ai ressenti que face à quelqu'un (ou soi-même) en pleine souffrance, il y a quelque chose de carrément indécent, voire horrible d'imaginer même parler de ce "tout est parfait" ... même quand on le voit et perçoit clairement !
C'est sûr, ce "tout est parfait" se situe à un niveau de perception spirituel, le niveau du sens caché des choses, et même quand on le perçoit par moment ( et là c'est d'une évidence irréfutable), on en perd souvent la perception.
J'oscille moi même beaucoup entre ces visions
Il y a quelques semaines j'ai eu droit à une mise au point claire là dessus:
Je regardais le Journal télévisé de Euronews (le seul que je supporte, moins manipulatoire que d'autres

), et à chaque truc (horreurs, souffrances, violences, politique.... etc) j'entends : "c'est ce que nous voulons vivre/ c'est ce que je veux vivre"
... et je me suis retrouvée entre deux niveaux de vision simultanément
-le niveau où l'on voit effectivement que "tout est parfait", qu'il n'y a strictement personne qui soit victime, tout est vécu par choix
-le niveau où ...ça semble juste monstrueux de penser comme ça...!
D'habitude c'est le niveau "tout est parfait" qui venait tout dissoudre.
Mais cette fois, les 2 niveaux continuaient d'être perçus et finalement j'ai perçu que les 2 niveaux sont nécessaires et ont leur rôle à jouer...
Percevoir les 2 niveaux simultanément donne à la fois un degré accru de clarté de vision et une meilleure fonctionnalité sur le niveau pratique
Même le complexe de sauveur et la "pseudo compassion" a son rôle à jouer (pseudo compassion = consiste à croire qu'on a de la compassion pour l'autre et le désir de l'aider et soulager sa souffrance, alors qu'on ne fait que projeter ses problèmes et souffrances sur l'extérieur pour tenter de le résoudre, ou bien on "redore" son égo à se sentir un grandiose sauveur tellement bon généreux et puissant = jeux de dominant- dominés, motivations réelles peu nobles et très égotiques, positionnement guerrier à fond.... etc) . En gros, avoir la vision du monde où on ressent le besoin de sauver est ...aussi "ce que nous voulons vivre", parfait. ET on peut voir que ce n'est même pas la peine de vouloir sortir ceux qui y sont du modèle du monde guerrier : c'est juste parfait qu'ils y soient... et en plus vouloir les en sortir, c'est être soi même guerrier (je vais sortir mon prochain de l'erreur...)
En fait une vision englobe l'autre et les 2 sont nécessaires
Si l'on était que dans la vision du tout est parfait, on ne ferait plus rien, et peut être bien qu'on quitterait cette expérience humaine... le ressenti d'imperfection est un moteur, un des pôles qui fait se mouvoir la création
Une autre fois, quelques jours après le premier JT dont je parle plus haut : nouveau JT d'Euronews, et là j'entends "qu'est ce qu'on s'amuse !" et j'arrête pas d'entendre ça plein de fois dans la journée, sur tout plein de choses "douloureuses" : événements de la journée, des souffrances, un documentaire etc et je ressens derrière tout ça un sentiment joyeux, j'entends des éclats de rire...
Je précise : de prime abord ça me choque, parce que je commence par percevoir la douleur de quelque choses et tout de suite après "qu'est ce qu'on s'amuse !!"
C'est de nouveau la même chose : derrière toute la manifestation, il n'y a qu'un grand éclat de rire (divin) ... étonnant...
voire choquant si on ne le perçoit pas et qu'on lit juste ces mots en le conceptualisant.
Dur de percevoir ce grand éclat de rire tout en étant pleinement investi (noyé et aveuglé souvent) dans les niveaux émotionnels et mentaux où la souffrance peut être terrible...
Mais les niveaux émotionnels et mentaux sont comme des bulles... peuvent disparaître comme un rêve et laisser la place à une vision plus réelle plus globale à laquelle ils faisaient écran, rideau, ou filtre déformant.
Depuis j'ai conscience de manière aigüe que ça ne sert à rien de parler beaucoup de ça tant qu'on ne le ressent pas.
J'ai conscience que c'est un discours qui peut être très choquant face à la souffrance ressentie
Et que même si on a cette perception, il se peut bien qu'on la perde et qu'on la trouve conceptuellement à nouveau absurde
Cependant le fait de le mentionner sans approfondir beaucoup ou insister, peut amener peut-être à un moment donné un changement dans sa vision du monde. La foi amène le vécu.*
Depuis l'enfance au fond j'ai oscillé entre ces 2 visions, je sentais l'absurde du monde, la douleur effroyable d'être en vie, tout l'être qui criait ses blessures... et aussi la beauté inouïe, presque lacérante de la vie et du monde, un amour fulgurant pour tout ce qui est et par moments la vision claire que c'est la limite de la conscience humaine ordinaire qui empêche de le voir
Si j'ai tant souhaité mourir, c'était bien souvent ( entre autres ) par trop de souffrance. Pourtant je percevais souvent toute la beauté cachée derrière toute cette souffrance, derrière toute cette vie On peut changer le mot beauté par amour ou paix, ils décrivent aussi ce qui était ressenti.
Il m'est arrivé parfois en plein coeur de souffrances personnelles, de percevoir simultanément le niveau "tout est parfait" ... et quelque part en même temps sur un autre niveau le sentiment d'absurde n'est pas loin...
Au fond, tout cela relève de la question du "pourquoi le mal et la souffrance dans le monde ?"
Si quelque chose en nous se révolte contre ce mal, cette souffrance, c'est juste, c'est normal, et c'est profondément spirituel. C'est souvent ce qui initie la quête spirituelle. Et bien souvent ça nous ouvre le coeur d'être si sensible à la souffrance, c'est peut être sa fonction principale dans notre vécu humain.
On sent tout cela parce que c'est la part de nous mêmes qui transcende ces aspects, qui est en tout temps dans la paix qui s'appelle elle même à la conscience. Ou dit avec d'autres mots, c'est l'appel du divin.
Beaucoup de blabla pour rien...
Bonne journée à tous, parfaite ou imparfaite, joyeuse ou triste, lumineuse ou sombre...
A un certain moment l'alternance entre le pôles devient juste merveilleuse, un vrai jeu divin
J'aime bien la phrase de JP : "la dualité est un formidable terrain de jeu(je)"
Alors amusons nous bien...
* La foi, pas la conviction. La vraie foi vient d'un "quelque chose" en nous qui SENT que c'est vrai.. même si le mental a beaucoup de mal à y adhérer. La conviction c'est le mental qui adhère à une conception. La vraie foi concerne le coeur, la conviction concerne le mental. Or bien souvent quand on parle de foi, il n'y nulle foi derrière mais un système de croyances et de convictions