
Rencontres :
Tout commence par des rencontres, forcément …
L’envie de me rapprocher de la terre était présente depuis quelques années mais, de multiples déménagements et un retour en appartement, m'ont un peu couper l'herbe sous le pieds (si j'ose dire

Et puis, j'ai rencontré une amie et son balcon potager et ça m'a redonné des idées et elle, elle m'a donné des conseils, et du matériel : 4, 5 jardinières à poser sur la rambarde de mes garde-fous et j'étais parti pour un été (tomates cerises, poivrons, piments, salades, aromatique et même des carottes ! Allez-y, lancez-vous, c'est facile !)
L'automne arrivant, je participe à une sortie sur les plantes sauvages comestibles, je m'ouvre à l'intervenante sur mon envie de jardiner. Elle a un copain qui occupe un champ où chacun cultive son petit coin. C'est trop bordélique et fouillis pour son côté carré, mais moi, ça me parle bien et ça tombe bien, son copain, j'habite au 45, il habite au 43 …
Passer à l'action dans la matière (puisqu'on vous le dit !)
Aux vacances de la Toussaint, je défriche mon petit lopin et je commence à faire mes buttes : quatre petites (1 mètre sur 4 ) buttes de cultures permanentes, à ma sauce, hein et jamais la même, on apprend bien qu'en répétant … C'est physique, mais ça me plaît. Je finis même la semaine au bord de l'épuisement sous le coup de l'excitation qui me pousse à l'insomnie et à force de courir derrière la brouette .
Patience (et vidage de vessie) :
Et puis, on termine, on se calme, on couvre la terre et on la laisse se reposer. On se plie au rythme des saisons. On patiente.
J'ai entendu depuis une conférence de JP où il expliquait que les femmes pouvait mélanger du sang de leurs règles à la terre de leur jardin, pour marquer le territoire, se lier à leur terroir. Moi, à défaut et sans le savoir, et en attendant le printemps aussi, j'ai uriné régulièrement sur mes buttes. Je ne sais pas si ça fait le même effet, mais en tout cas ça apporte de l'azote au moins.
Plaisir :
Depuis l'été j'en profite bien, j'ai même défriché un autre espace où je laisse courir mes courges … J'en profite aussi pour juste en profiter, ne pas être toujours le nez et les genoux dans la terre (meilleur pour le dos) à bosser, mais prendre le temps de lever la tête, d'ouvrir les yeux, d'admirer la beauté de ce qui m'entoure, cette diversité dans la végétation, les couleurs de ce ciel ouvert au dessus du champ voisin avec toutes ces teintes qui changent quand s'avance la nuit, les bienfaits du soleil sur ma peau quand je tombe le tee-shirt et que je me vautre sur les chaises de jardin défoncées, que j'empile l'une sur l'autre pour ne pas m'effondrer, pour lire un livre ou pour rien, juste pour laisser le temps passer et les oiseaux chanter, les pigeons qui s’ébrouent dans les feuillages, les deux buses qui tournent et crient en attendant leur festin, le chant des coqs, toujours, au loin, et les moteurs des Boeing qui passent toutes les demi-heures dans le couloir aérien … (Fallait bien que je mettes fin à ce passage lyrico-cul-cul-la-praline-cui-cui-les-petits-oiseaux par un retour à la réalité et à ses contraintes ... qui pour le coup sont tout à fait gérables au niveau sonore ...)
Partage :
Le jardinage est un monde de passionnés toujours prêts à en discuter et à partager : des graines, des plants, des récoltes, des recettes, des conseils, des savoir-faire, du temps, des histoires, des connaissances, des coups de mains, …
J'ai la chance d'être dans un jardin/champ partagé avec une quinzaine de personnes représentant une belle diversité : âge, sexe, « situation de famille », « statut social », histoire personnelle, rapport à la société et j'en passe … Un s'y connaît en « mauvaises herbes » comestibles (Oh là, attention avant de biner ! ), une autre en préparation d'infusion, un autre encore en taille des fruitiers, un dernier peut-être en apiculture, pleins de savoirs à partager pour certains et à découvrir pour d'autres (moi)
Respect (en vrac) :
Respect du temps nécessaire pour qu'un légume pousse et arrive à maturité : une vraie école de patience et d'humilité face à la nature, une réflexion sur sa juste place d'humain par rapport à elle/Elle …
Respect et fierté du produit fini qui forcément modifie son rapport à l'alimentation (et force à se creuser pour cuisiner aussi, pour ne rien perdre) en y introduisant quelque chose de l'ordre du sacré.
Quelle différence de texture, de fraîcheur, de conservation et de goût entre le « récolté du matin dans son jardin » et le « acheté au magasin » (même pas rapport à mon bon maraîcher du marché …) Rien à voir ! (Grosse notion de plaisir, du coup, aussi/surtout)
Il y a un truc dont je n'ai pas encore parlé, alors qu'on est sur le forum du site « espritdelanature.fr » quand même !
Je ne ressens pas (encore ? vraiment? beaucoup ?) tout ce petit monde-là, mais je sais qu'ils sont là, et qu'ils s'occupent de ce petit coin de terre avec moi, alors, à défaut, je leur parle et je les remercie. (une question de respect, encore).
Et je parle à mes légumes aussi ! Je les encourage, je les félicite (Oh que tu es belle ma petite courgette, que tu as bien poussé mon petit melon, des trucs dans le genre …)
Bon j'arrête-là, j'espère que je vous ai donné envie. (euh, peut-être pas avec les coté schizo qui parle à ses haricots)
En tout cas, j'invite tout le monde à mettre les deux mains, les deux pieds (et le reste, c'est vous qui voyez) dans la terre !
Petit scarabée (jardinier)
PS : Le gratin de butternut, ça déchire ! Essayez !
PS 2 : A vous, racontez-nous vos belles histoires de jardins aussi !