Salut Corentin
Je n'ai pas "un ressenti" sur tout ça mais je pense que j'ai déjà ressenti ce "tout ça", plus ou moins.
Alors je vais de donner quelques pistes de réflexion : à toi de voir ce qui te semble juste pour toi, je n'ai pas la science infuse et je ne détiens pas la vérité absolue mais si mon expérience ressemble un peu à la tienne voilà ce que je peux te dire
Corentin a écrit :
En plus de ça je ne sais toujours pas ce que je vais faire à la fin de mes études (fin septembre). Je fais une école d’ingénieur mais j’ai plus tant envie que ça d’être ingénieur, c'est balot. Du coup je sens la pression parce que j’imagine la tête de mes parents qui ont financé ces études (“Salut, je veux plus être ingénieur, j’espère que ça vous embête pas.”)
Tout ça pour dire que j’ai une grosse envie d’évoluer pour trouver la voie qui “arrange tout le monde” le plus vite possible. Enfin voilà, je suis paumé et j’ai les boules contre moi-même, pour faire court. Si quelqu’un a un ressenti là-dessus je lui en serai reconnaissant. Et puis s’il y a personne, bah tant pis.
vécu perso : j'ai effectué au moins deux retours en arrière (réorientation) pendant mes études supérieures, entrecoupées par une année de pause, car j'étais, comme toi, bien paumé et ne savait pas trop quoi faire
""conseil"" : essaie de trouver ce qui est le plus juste pour toi maintenant, sans penser aux études que tu as suivies dans le passé, ni au métier que tu étais supposé faire dans le futur, le tout sans culpabiliser par rapport à tes parents : c'est ta vie, c'est à toi de la choisir, tu n'es pas obligé de faire plaisir et de contenter tout le monde, c'est impossible, mais tu dois obligatoirement te faire plaisir, toi ...(ok ça peut être un peu dur à appliquer comme conseil, mais ça s'apprend)
point bonus anti culpabilité : quoique tu décides de devenir ou de faire et quoique puissent te renvoyer tes parents par rapport à ça, leur amour inconditionnel t'est acquis (privilège d'être leur enfant). Ils auront le droit de ne pas comprendre et/ou d'être décu mais ne doute jamais de leur amour et de leur soutien.
point pragmatique : pas moyen d'être ingénieur tout en trouvant un poste, un projet en accord avec ta quête de sens et ton éthique ? Genre un truc qui fasse la différence dans le monde, qui apporte du beau et du bien ?
point "poire en deux" : dans les pays anglo-saxon, beaucoup de jeunes partent pour une "gap year" entre la fin de leurs études et leur entrée sur le monde du travail. Ça pourrait être un bon compromis : te laisser du temps pour murir ton projet de vie, t'investir dans un projet sympa (souvent ça peut être dans l'humanitaire), réinvestir tes acquis d'école d'ingénieur et, TADA ! te rendre compte que c'est pas si mal et que tu peux être en accord avec "tout ça" et avec toi ...
point Michel Cymes : De toute façon, si tu te mets des œillères
(tiens, je n'avais jamais écrit ce mot, pas facile) et que tu t'engages dans une voie qui n'est pas la tienne et te rend malheureux, ton corps et/ou ton psychisme te le fera bien sentir. La colère contre soi-même accélérant même ce processus (je dis ça, je dis rien, tout le monde passe par des crises dans la vie, elles sont salutaires si on en fait bonne usage et la bienveillance pour soi aide dans ce cas ...)
Pour faire court, j'ai réalisé une fois de plus que je joue souvent à “Monsieur-je-sais-tout” et à faire le clairvoyant alors que bien entendu, je suis bien plus dans le mental qu’autre part. Et que ça cache d’après moi un besoin de se sentir important, exceptionnel.
Si tu es présent sur ce forum et que tu t'y retrouves, ce n'est pas un hasard ... Tu dois avoir une "certaine sensibilité". A toi d'apprendre à t'en servir avec discernement ...
vécu perso : :
Il y a longtemps, à quelques occasions, je me suis rendu compte que je pouvais dire des choses à certaines personnes, sans réfléchir car pour moi elles étaient évidentes, et que ces gens me renvoyaient le fait que ça les avait profondément perturbés (sans doute des choses qu'elle ne voulaient pas voir ou qu'elles n'étaient pas prêtes à entendre et que je n'étais pas en droit de leur balancer). Pour celui-là, je plaide la bonne fois.
Après, j'ai eu une "amie" en difficulté et la je me suis pris pour un sauveur mais en fait, j'étais juste un petit con qui la mettait plus en difficulté qu'autre chose avec mon comportement. Pour celui-là, je plaide coupable. En même temps, c'est pratique de s'occuper et de donner des conseils à un autre, et de se croire important pour ça, ça évite de voir ce qui cloche chez soi.
Du coup, retour de baton : je suis tombé sur une personne qui a joué le même rôle et qui m'a renvoyé toutes mes incohérences et mes difficultés au visage. Et là, j'en ai pris plein la g... mais je l'avais cherché. J'aurais sans doute pu apprendre cette leçon avec moins de violence si j'avais été plus honnête avec moi et plus humble.
point humilité : : A toi de voir si tu veux l'apprendre de toi-même rapidement et en douceur ou prendre le risque de l'apprendre bien plus tard de la manière forte ...
comment je fais maintenant (plus ou moins car c'est un peu dur parfois) :
si on me demande de rien, je me tais. Si vraiment je vois un truc qui pourrait aider, je pose une ou deux questions l'air de rien et si ça ne réagit pas en face, c'est que c'est pas mûr. Par contre j'écoute, et pas qu'un peu (va chercher des trucs autour de l'écoute active ou de la communication bienveillante). La plupart des personne ne demande qu'à être écoutée : une fois qu'elles ont été entendues, elles se sentent mieux et ont parfois trouvé leurs réponses par elles-mêmes
Si on me demande et que je sais pas, je le dis (j'invente pas un truc bancal juste pour donner un conseil) et j'écoute (cf point précédent)
Si on me demande et que je pense avoir une réponse/un conseil, je ne dis rien d'abord, je pose des questions orientées (par rapport à ce que je pense) : mieux vaut que la personne trouve ses réponses, elles seront bien meilleures que les miennes (toujours viser l'autonomie) et des fois bien éloignées des miennes.
Si vraiment je vois un truc à dire et que je sens que ça peut passer j'y vais, mais avec parcimonie parce que j'ai encore du mal à doser
(dixit le type qui écrit une réponse de deux pages avec des trucs qui te serviront peut-être à rien
)
Et à côté de ça je peux me sentir inférieur aux autres par moment (ça depend avec qui, en fait).
Je suis passé par là aussi le paradoxe entre supériorité et infériorité. Quand tu seras plus en phase avec qui tu es vraiment et ce que tu veux faire de ta vie, ce sentiment d'insécurité disparaitra petit à petit et tu n'auras plus besoin de prouver quoique ce soit aux autres et tu craindras moins le regard qu'ils peuvent avoir sur toi.
Bon merci de m'avoir permis d'écrire tout ça. Ça m'a permis de mettre au clair des idées qui me sont venues après deux discussions récentes avec mon petit frère (qui commence à son tour à s'ouvrir à plein de choses) et au cours desquelles j'ai bien senti que je n'avais pas forcément fait preuve d'un grand discernement, emporté par l'enthousiasme de pouvoir enfin communiquer vraiment avec lui, en plus sur des sujets qui me passionnent et me touchent au coeur. Avec tout ce que je t'ai écrit, la prochaine fois, je serai plus prudent (pour lui).
A plus
Pierre