Ouaoh, sphère, quels changements drastiques, dis donc !
c'est sûr, c'est énorme, et ça prend du temps d'intégrer tout ça, comme tu dis
"Être tout sauf moi" à force de répondre aux attentes des autres, j'ai donné aussi...
Résumé de ce que ça a donné : je n'existais pas. Sinon comme un objet utilisé par les autres
Ça a été la porte ouverte à des abus divers qu'en fait j'invitais dans ma vie par ce fonctionnement
Je parle d'un passé qui heureusement ne pointe plus trop son nez, encore que... je suis toujours en apprentissage, le chemin d'intégration et de changement est long. De temps en temps il y a des rechutes dans le schéma. De moins en moins souvent, et de moins en moins fort, et je repère le schéma presque tout de suite, ce qui m'évite de retomber en plein dedans.
Trouver ses limites (psychologiques, corporelles, ...) trouver les délimitations de qui on est pour être vraiment présent au monde.
Les émotions sont un excellent indicateur de où se trouvent ces limites, justement.
J'ai toujours beaucoup senti mes émotions; par contre, en mode automatique et inconsciemment installé dans la jeunesse, spontanément, je m'arrangeais souvent pour ne pas les montrer...
Et puis certaines devaient être refoulées sans que j'en ai conscience, en particulier la colère, qui n'était pas une émotion recevable pour moi, vu tous les colériques destructeurs qu'il y avait dans mon entourage.
Il y a des années de ça, j'ai eu un passage trèèès "désincarnée, où je n'avais pratiquement plus aucune "envie terrestre". Parallèlement, je vivais des trucs bien haut perchés, avec des prises de conscience et des vécus très profonds et valables, mais pas du tout intégrés dans la réalité humaine ici bas.
A l'époque, dans une séance avec une thérapeute, en abordant ce presque total détachement de tout, elle m'avait répondu que parfois quand on a vécu des trucs trop durs dans la jeunesse, (trop dur pour arriver à l'intégrer) on ne sait plus ce dont on a envie, on perd le contact avec nos envies personnelles, on a tout anesthésié pour ne plus rien sentir, parce que quand on sent à nouveau, c'est trop dur tout ce qui remonte; c'était ingérable à ce moment-là, donc ce choix était probablement le seul que l'on puisse faire. Mais pour retrouver l'envie de vivre, les appétits de vivre, le chemin passe par la reviviscence de ce que l'on ressent vraiment et de ce que l'on a ressenti dans le passé.
Ces stratégies de fuite de la vie, j'en ai pris de plus en plus conscience, et au début j'ai surtout vu tout le côté négatif, tout ce dont il fallait "guérir".
Ça reste le premier plan à prendre en considération, mais sur d'autres plans, ça apporte aussi beaucoup - de toute manière tout chemin, toute expérience apporte beaucoup (si on s'ouvre suffisamment à cette confiance, on le voit directement)- et je ne regrette rien de ce que j'ai connu, expérimenté, de mes "erreurs" qui ne sont que relatives (ça dépend du point de vue d'où on les regarde)
Aujourd'hui je célèbre un regain de vitalité et d'appétit, d'envies, de joies simples dans la matière, de redécouverte de mes envies d'humain.
Il y a bien des rechutes, mais c'est pas grave, rien n'est grave d'ailleurs...
Paraîtrait que "le but c'est le chemin"
tu vois, toi aussi, tu m'as donné envie de parler un peu...
