Parfois ils veulent bien se dire que les ‘vieux pingouins qui savent tout’ n’ont pas encore tout découvert, mais ils y croient à moitié en réalité. Ils ont l’impression que leur monde est totalement sous leur contrôle et qu’il ne reste presque plus rien à découvrir. Tellement qu’ils en sont à parler de partir vers les étoiles…
Petit pingouin s’aperçut un jour très simplement que quelque chose clochait dans cette définition du ‘monde’. Un jour qu’un ami pingouin lui montrait une copine qu’il trouvait très jolie, petit pingouin s’aperçut que cette pingouine n’était pas belle du tout . Son réflexe fut de se dire que son ami avait un gout bizarre pour les pingouines ou bien qu’il voyait mal, ou bien encore qu’il aimait les pingouines moches.
Et s'il ne voyait pas la même chose que toi ? dit le silence. Te vient-il à l’esprit que les pingouines que tu trouves jolies, d’autres peuvent les trouver très moches simplement parce qu’ils ne voient pas le même monde que toi ?
Ce n’est que longtemps après, quand son monde entier se transforma après l’éveil du feu en lui, que petit pingouin comprit à quel point les mondes que chacun perçoit sont différents. En réalité il comprit qu’il n’existe pas un ‘monde’ dans lequel on évolue, mais le monde que chacun se crée et projette autour de lui. La mort, la vie, le jour la nuit, quelle importance ? dit le silence … pour toi il n’y a que le jeu que tu projettes autour de toi, et il change tout le temps, peu importe que tu vives ou que tu meures, si tu perdais ce corps tu continuerais simplement dans un nouveau rêve, comme la nuit quand tu passes d’un rêve à un autre, comme ça sans transition. La perte de ‘connaissance’ n’est que ce que vous censurez vous-même pour ne pas nuire au jeu.
Petit pingouin s’aperçut après cet événement que le silence qu’il entendait (sans entendre !) se tenait simplement entre chaque pensée. Cet endroit qu’il percevait parfois sous forme de lumière semblait comme un silence de potentialités et de connaissance infinie. Quand le silence parle, en un instant on sait une quantité de choses énormes, sans qu’aucun mot image ou forme ne soit nécéssaire. Parfois son mental est confus et ne peut plus réfléchir, alors s'il le peut petit pingouin passe par le silence qui est toujours clarté silencieuse.
Un jour petit pingouin comprit que son corps n’était également qu’une pensée. Et plus tard encore il commença à percevoir le silence entre les pensées de son corps. Ce n’est qu’après bien des cheminements et des obstacles, que petit pingouin comprit que ce ‘vide’ entre les pensées et chaque molécule qu’il appelait le silence ou le ‘rien’ était une chose d’un infini amour, d’une infinie puissance, d’une infinie intelligence, et que si on s’abandonnait à lui simplement, alors tout se réparait. Les énergies, les événements, et même le corps parfois.
Se tenir dans le rien en s’abandonnant à lui reste l’acte de plénitude le plus parfait que connaisse petit pingouin.
Mais ça nécessite un abandon très difficile, même avec le temps et la pratique, parce qu’une part de petit pingouin semble vouloir tout contrôler. Pourtant de plus en plus cette part se met en sommeil et petit pingouin abandonne le contrôle au rien, ayant expérimenté à quel point ses informations et ses actions sont toujours la perfection. Parfois même il abandonne son corps au rien et chaque bobo semble se dissoudre, chaque respiration devient pleine, ample et parfaite.
Ce n’est que plus tard qu’il comprit que ce ‘rien’ qui emplit le monde, est la forme la plus pure de son esprit divin, et que, où qu’il regarde, il ne voit que l’esprit sous une forme ou une autre.
Mais entre le percevoir et ne faire qu’un avec lui, il y a du chemin comprit petit pingouin..