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La norme du fou

Posté : jeu. 25 avr. 2019 01:12
par Anne
Une dernière cigarette en compagnie d'une amie de coeur sur le trottoir mouillé ; une discussion avec un homme, de ceux qu'on appelle "fou", errant des nuits urbaines. Envie de partager l'émotion de cette rencontre, un échange plein de tendresse en dehors des cadres, où l'espace et le temps ne sont plus dans le sens habituel.

Quelques bribes parmi l'inénarrable:
"Vous êtes plus vieille que moi vous savez peut-être...", dis le vieux.
"Du temps où il y avait des cabines de téléphone vous vous souvenez, on allait à la poste, d'ailleurs c'est là que je vous ai rencontrée.
En lui donnant la main pour se dire au revoir "Tiens elle a écrit son nom sur sa main, malin [Moi c'est] Jules. Je n'aime pas, je préfère Juliette"

Tout cet échange, à la fois absurde et cohérent, ces questionnements tranquilles, ces caresses sur la joue d'un je te reconnais, cette certitude d'un monde déconstruit qui existe vraiment..
Ca sonne tellement juste, aussi juste que le monde que j'ai sous les yeux.
Je ne sais pas quoi mais il vient toucher quelque chose que je cherche.

Je reporte mes cogitations à une heure moins tardive. Si cette histoire ricoche n'hésitez pas à ricocher ça m'aidera peut être à voir au travers la surface;)

En tous les cas, Grand salut à tous, et merci les fous

Re: La norme du fou

Posté : jeu. 25 avr. 2019 09:14
par MedvedGreg
Merci Anne pour ce beau partage!
Tu as peut-être croisé un vagabond de l'espace-temps... allons savoir...

J'aime beaucoup la citation d'Audiard (?) "Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière..."

Et puis tout est une question de référentiel... Normal/Anormal selon quels critères???

Et pour rester dans la fêlure... un petit conte taoïste aussi joli que ton histoire nocturne:

Il était une fois une vieille dame chinoise qui possédait 2 grands pots; chacun suspendu au bout d’une perche, qu’elle transportait appuyée derrière son cou.
Un des pots était fêlé. L’autre était en parfait état et rapportait sa pleine ration d’eau.
A la fin de la longue marche vers la maison, le pot fêlé, lui n’était plus qu’ à moitié rempli d’eau.
Tout ceci se déroula quotidiennement pendant 2 années complètes, alors que la vieille dame ne rapportait chez elle qu’un pot ½ d’eau.
Bien sur, le pot intact était très fier de ce qu’il accomplissait; mais le pauvre pot fêlé avait honte de ses propres imperfections.
Le pot fêlé se sentait triste car il ne pouvait faire que la moitié du travail pour lequel il avait été créé.
Après 2 années qu’il percevait comme un échec, il s’adressa à la vieille dame alors qu’ils étaient près du ruisseau.
« J’ai honte de moi même car la fêlure sur mon côté laisse échapper l’eau tout le long du chemin lors du retour vers la maison ».
La vieille dame sourit : « As tu remarqué qu’il y a des fleurs sur ton côté du chemin alors qu’il n’y en a pas de l’autre côté ? J’ai toujours su pour ta fêlure. Alors j’ai semé des graines de fleurs de ton côté du chemin. Et chaque jour, en rentrant du ruisseau, lors du retour à la maison, tu les arrosais.soyez comme le petit pot fêlé, dans la légende taoïste
Pendant 2 ans j’ai pu ainsi cueillir de superbes fleurs pour décorer la table.
Sans toi, simplement tel que tu es, il n’aurait pu y avoir cette beauté pour agrémenter la nature et la maison ».

Re: La norme du fou

Posté : dim. 28 avr. 2019 22:43
par Anne
Oh oui c'est très joli. J'aime beaucoup le côté prendre soin sans le dire, consciencieusement, pendant longtemps, juste jouir de ce qui peut être au moment ou cela est.
Merci :)

Re: La norme du fou

Posté : mer. 1 mai 2019 23:27
par Manu d'la mare
Merci Anne pour ce partage, un peu en dehors du temps et de l'espace, assez inspirant.